Projet Le Groupe de Développement Intégré de l’Artibonite (GDIA) à Petite-Rivière

Le « Groupe de Développement Intégré de l’Artibonite », fondé en 1988 par Irène Belle, enseignante belge à la retraite, s’est fixé pour objectif d’aider les populations très pauvres des villages de Laverdure, Bazin et Gracette (au nord de Port-au-Prince). L’organisation accueille et héberge des orphelins. Elle assure aussi leur formation scolaire.

Des écoles primaire et secondaire ont été inaugurées à Laverdure respectivement en 1992 et 1998. Une école primaire a ensuite été ouverte à Gracette.

Le site dispose de plusieurs structures.

La Maison du Bonheur est une maison d'accueil pour une quinzaine de jeunes. Certains sont pensionnaires. Un repas chaud est également servi aux externes.

Un centre communautaire, la Maison de la Joie, accueille en moyenne une vingtaine d’orphelins. Tous les enfants sont scolarisés. Une petite partie des terres agricoles voisines est cultivée par les monitrices et les enfants les plus âgés.

Un Centre d’Accueil et de Formation, en construction, accueillera 30 garçons (un centre similaire est prévu pour les filles) qui partageront leur temps entre l’école, l’agriculture et l’apprentissage d’un métier.

Un autre objectif du GDIA est la contribution à l’amélioration des conditions de travail de la terre en privilégiant les énergies renouvelables. L’eau destinée à la consommation et à l’irrigation des terres est puisée dans le sol au moyen d’une pompe à énergie solaire et l’électricité est produite à partir de panneaux solaires. L’initiation à la technique du compostage fait aussi partie du programme de formation.

Le GDIA bénéficie de l’aide de nombreux partenaires, belges et étrangers. L’asbl Haïti-Guatemala-La Source fait partie des associations qui se mobilisent activement pour apporter leur soutien au projet.

Si vous voulez soutenir ce projet en particulier, mentionnez-le clairement en communication de votre virement : Projet GDIA Irène Belle

Petite Rivière de l’Artibonite, rapport 2023 du GDIA

Chers amis, c'est toujours un plaisir pour moi de vous informer de notre situation au niveau du GDIA et de l'école.
L'année 2023 était très traumatisante à cause de l'insécurité galopante que connaît le pays, particulièrement à Petite Rivière de l'Artibonite (où nous sommes installés), depuis quasi 5 ans.
L'année académique a démarré en janvier 2023 seulement, alors qu’elle aurait dû démarrer en septembre 2022. A cette époque, il nous restait 5 des 13 enfants qui vivaient avec Mme Irène à la maison que les enfants ont nommée " Maison du Bonheur " ou MB, sise à Laverdure.
Les 8 autres ont préféré se réfugier à la campagne pour suivre l'évolution de la situation.
A l'ouverture, nous avions dû :

  • louer un appartement pour accueillir les élèves car nous ne savions pas rester dans notre propre local. Même Mme Irène, nous devions la déplacer de plusieurs endroits jusqu'à son départ pour la Belgique.
  • louer une cour avec 3 chambres d’une maison pour mettre les 5 enfants et 4 autres qui devraient reprendre les cours mais qui n'avaient pas d'abris, le dortoir n'étant pas sous notre contrôle. Certains autres ont préféré rester chez un ami ou une famille dans le bourg.
  • préparation de la cantine de midi pour tous les élèves et distribution de provisions pour 1 repas en plus pour les 9 élèves logés in situ. Les autres élèves venus d'ailleurs sont uniquement sous notre responsabilité scolaire, cantine comprise.
  • le paiement des profs a été effectué normalement sur toute l'année grâce à vous. Nous avons dû libérer 5 élèves en Niveau Secondaire 3, car on ne peut pas garantir le paiement du Niveau Secondaire 4, surtout avec l'absence de Mme Irène. Tous les autres frais faisaient partie des charges de l'année.

Dans le courant de l’année 2023 nous avons atteint, avec de nouveaux élèves venus de l’extérieur, un maximum de 50 élèves encadrés par 13 professeurs, moi compris, certains réguliers et d’autres occasionnels. Les élèves sont répartis en différentes classes, en 2 vacations.
Notre volonté est de poursuivre ces activités malgré le départ de Mme Irène, c’est l’avenir de ces enfants qui est en jeu.

Perspectives pour l’année 2024 déjà en cours : continuité des activités scolaires, renouvellement des locations, poursuite avec des charges identiques (téléphone, transports, informatique ...)
Dans le contexte actuel, garantir une continuité de la scolarité pour un maximum d’enfants tout en veillant sur leur sécurité serait un magnifique objectif.

Voilà mes chers amis, les détails sur 2023 et la perspective de 2024.On ne peut pas encore promettre plus pour cette année. Aidez-nous aussi dans la prière pour que la situation du pays s'améliore et donne plus de chances aux jeunes d'être émancipés et d’avoir les meilleures chances possibles dans le contexte actuel qui est pratiquement celui d’une guerre civile.

Edvan Exime, responsable du GDIA

Irène Belle nous a quittés le 10 novembre 2023

Hommage du président de La Source, Guy Dufay

Aujourd’hui, nous commémorons le souvenir d’une grande dame qui s’est donnée entièrement au service de l’éducation de jeunes haïtiens.
C’est aussi une figure marquante de notre association qui disparaît.
Son engagement a été exemplaire et a suscité notre admiration.
Lors de ses retours en Belgique, Irène ne manquait pas de visiter de nombreuses paroisses et autres lieux pour parler de son école en Haïti et faire appel à notre soutien. Grace à son charisme, Irène a pu mobiliser de nombreuses personnes.
Beaucoup de projets ont ainsi vu le jour.
Pour Irène, c’est la fin d'une aventure totalement généreuse, totalement courageuse.
Que son courage et son esprit d'entreprise soient salués et que chacun trouve force et courage pour accomplir à sa suite de beaux gestes de fraternité et de partage envers les enfants d'Haïti durement éprouvés ces dernières années.

Comme pour tous pionniers, elle a tracé des chemins et laissera ici-bas à d'autres de les poursuivre et de les entretenir.

Nous mettons toute notre confiance en Edvan et ses collaborateurs pour poursuivre ce beau projet éducatif.
Nos pensées vont à la famille d’Irène, à ses proches, à Edvan, à l’équipe des professeurs et aussi à tous les enfants en Haïti qu’elle a pu accueillir pendant toutes ces années.
Irène peut se sentir heureuse de la formidable mission qu’elle a accomplie, sans relâche, pour éduquer et redonner de l’espoir à ces nombreux jeunes vivant dans des conditions de vie bien difficiles.

Hommage d’Edvan, proche collaborateur d’Irène Belle

Chers responsables de la paroisse Saint Paul de Waterloo, chers membres de la famille Belle et alliées, chers responsables de La Source, chers donateurs et donatrices du GDIA, aimables participants,
C’est avec un coeur rempli d’émotion que moi Edvan EXIME et les autres représentants du GDIA et ses projets, nous acceptons le départ spontané de Mme Irène Belle.
Toute notre équipe serait si heureuse de la compter au rang des personnes extrêmement utiles, soit à notre formation professionnelle, soit a nous aider a être émanciper, soit à nous préserver de la délinquance Juvénile qui ronge notre société…
Mais hélas ! La disparation des êtres qui nous sont très chère est placée parmi les épreuves qui nous devons supporter avec résignation.
Avant d’aller plus loin, chers amis, laissez. Moi vous dire qui, était cette vaillante femme !
Mme Irène était une amie, une maman, une conseillère qui était consciente de la situation du pays auquel elle se sacrifiait d’être venue en aide. Et ceci elle se livrait de corps et l’âme dans la contribution a la formation des jeunes spécialement ceux de la Petite Rivière de l’Artibonite, précisent ; Laverdure, Gracette et les Cahos.

Elle était aussi un bras droit pour l’organisation qu’elle coiffait, le (GDIA). Cette géante femme n’avait pas d’enfants mais en adoptait beaucoup, à chaque fois qu’elle passait dans une pâque en bois posée sur un moléculteur, tous les enfants qui se trouvaient au bord de la rue toujours « Blanc Irène, Blanc Irène, Blanc Irène et elle faisait baille baille aux enfants. Bref c’était l’ami de tout le monde, spécialement des enfants. On ne pouvait pas faire du mal a aucun animal ni arracher même une seule, feuille d’un arbre sous yeux. Tout ce qu’elle avait était compare à l’aide des autres tant sur le plan éducatif que sur le plan alimentaire qui dépassaient la compétence des dirigeants de cette dite commune telles que :

  • Fabrication d’une barque permettant la traversée d’un fleuve de la commune de la Petite Rivière l’Artibonite vers une commune voisine (commune des Verettes)
  • Implantation d’une école primaire et secondaire dans les localités de Gracette et de La verdure.
  • Fabrication d’un centre d’accueil pour les enfants qui veulent aller à l’école mais qui n’ont pas de longuement dans le bourg.
  • Demande de l’aide international pour aider les enfants intelligent mais qui ne savent pas aller à l’école et autre…
  • Irène a été celle qui a implanté pour la première fois, une porcherie moderne à PRA et la première école primaire à Gracette et à Laverdure.

Elle a passé sa vie entière a accompagner les petits agriculteurs et commerçants, les déshérités… elle a fait tout cela en vivant de la façon la plus simple possible pour consacrer les maigres ressources dont elle disposait pour aider les autres à scolariser leurs enfants, à se soigner et à manger à leur faim. Cette grande dame a consacré plus de 40 ans de sa vie à la cause haïtienne.
Malheureusement, elle est partie à un moment où le pays avait besoin d’elle plus que jamais. Avec le départ prématuré d’Irène, un arbre géant (un mapou disons nous en Haïti) est tombe. Il repoussera car ses racines sont nombreuses et saines.
Irène n madame Irène comme on l’appelait affectueusement a formé des centaines de jeunes. Certains sont maintenant des cadres dans l’administration publique, des banques des professeurs, des futurs médecins, des directeurs d’écoles, des agronomes et aussi des philanthropes.
Irène vivra à travers tous ces genres et aussi à travers leur descendance pendant longtemps encore.
Irène est seulement partie retrouver de Dieu-tout puissant pour continuer son travail là-haut et veiller sur nous ici-bas.
Honorables participant, si vous constatez que nous la famille Belle, le GDIA, le Collège Mixte de La verdure et tous les amis et allies, nous pleurons aujourd’hui c’est parce que nous sommes plongés dans le deuil. Oui nous y sommes plonges !
En ces pénibles circonstances, nous les fils et les filles forment par Mme Irène.

Et tous les autres qui ont été formés par Mme Irène, nous souhaitons nos sincères condoléances à la Belle et à tous les autres parents, amis et alliés dont ce deuil afflige
Qu’elle se repose enfin en paix et nous illumine tous.

Edvan

L’histoire de Pierrot, élève des écoles du GDIA

Un des premiers parmi nos centaines d'élèves, Pierrot n'est pas de ceux qu'on oublie, et pour bien des raisons !
Il venait des montagnes comme la plus grande partie de nos jeunes et faisait partie de la première classe de 7e comme de la première rhéto mais quel parcours entre les deux !

Bon élève, curieux, remuant, il fut vite un des 'petits professeurs' de primaire, en fait les meilleurs grâce aux bases solides collectées entre 7e et 9e, bien assimilées et bien transmises avec l'encadrement de leurs propres enseignants qu'ils pouvaient consulter à tous moments.

Entreprenant et très sensible à l'avancement de la zone des Cahos, sa région d'origine, il participa aux nombreuses formations d'enseignants de primaire proposées surtout aux professeurs des montagnes par le GDIA, coordonnées et en grande partie assurées par Antoine. Celui-ci, avant son exil, dans sa jeunesse, avait ouvert encore étudiant la première école des Cahos, à Médor, et il reprenait un rêve de partage et de développement.

Rien d'étonnant à voir Pierrot accepter, avec son ami Tissé, et dans ce même esprit, d'essaimer ces formations en sessions sur place, dans les montagnes. Formations bientôt doublées de 'Bibliothèques pour une centaine de Petites Ecoles dans les Mornes' puis d'éclairage au moyen de panneaux solaires pour une quarantaine d'entre elles.
Formations harassantes mais dont ils revenaient rayonnants, heureux du bonheur qu'ils avaient semé.
Mais l'heure de l'examen officiel de rhéto avait sonné, le premier pour notre école et on était conscient que tous ne le réussiraient pas. Là où Justin remplissait les 4 pages demandées en dissertation, Pierrot n'arrivait qu'à une page et demie, Tissé 2 pages et Maxo ... dix lignes !
Justin seul le passa, indemne, du premier coup, les autres furent recalés. Victoire pour l'école avec ses 25%, mais tristesse pour les menacés d'essoufflement car l'examen pourra se refaire, même sans fréquenter à nouveau une école, et c'était fort aléatoire de travailler seul.
Pourtant, Pierrot, désormais marié et qui s'était cherché un travail plus rentable dans la capitale, s'y risqua deux fois, apprenant de chaque échec. Si bien que la 2e fois, il rassembla, et ce n'était pas évident, une quarantaine d'exemplaires de chaque matière sur plusieurs sessions, et passa toute une année studieuse à les résoudre un par un.
La ténacité était une des qualités de cet élève et il décrocha enfin le diplôme si convoité et qui plaçait son détenteur au rang des 'savants' en Haïti ! Et il en était fier, notre Pierrot, et il nous faisait partager sa joie, conscient que c'était presque un miracle pour lui qui n'avait pas l'agilité d'esprit d'un Justin ! Fier aussi de son premier enfant et d'un bon travail, stable et valorisant, bras droit du patron d'une imprimerie.

Il n'est plus là, hélas, le brave Pierrot, enseveli avec son lieu de travail par le terrible tremblement de terre qui faillit rayer Port-au-Prince de la carte et emporta tant de vies, d'espoirs, de bonheurs...
Mais l'empreinte de son travail reste, la trace de ces milliers de pas dans la montagne et de ces formations qui, selon moi furent à l'origine de l'éveil de cette vaste zone des Cahos, jadis objet de tant de moqueries (Quel Haïtien, à l'étranger, ose dire qu'il vient des Cahos ?). Non, tous prétendent venir de la capitale, même s'ils ne l'ont traversée que pour leur départ ; on a sa fierté !
Actuellement, grâce à Pierrot et à nos autres jeunes qui en ont usé des sandales sur les rudes pentes de cette zone aux paysages d'une beauté saisissante, on sera bientôt fier de dire qu'on vient des Cahos qui se peuplent d'excellentes écoles secondaires, on parle même d'une université et d'un aéroport ...

Merci, Pierrot, repose en paix, on n’oublie pas ta gentillesse, ton dévouement et ton amour du pays !